Maria Montessori : La Vie d’une Militante au Service des Femmes et des Enfants
Publié le 23 juin 2022
Qui était Maria Montessori ? Le nom « Montessori » est aujourd’hui connu de tous les parents et professionnels de l’éducation.
Mais avant d’être le nom de l’une des pédagogies alternatives les plus reconnues au monde, Montessori est bien le nom d’une éminente docteure italienne.
Revenons sur l’histoire de cette femme de caractère qui a œuvré pour la cause féminine, pour la psychanalyse et la pédiatrie tout au long de sa carrière.
Maria Montessori, une femme militante et déterminée
Maria Montessori nait à Chiaravalle, en Italie, le 31 août 1870. Son père, Alessandro Montessori est d’abord comptable pour le Vatican avant de devenir inspecteur des finances de l’industrie du tabac et du sel. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie, il est plutôt conservateur, sévère et rigoureux.
Sa mère, Renilde Stoppani, fille de propriétaires agricoles de la région, est issue d’une famille très cultivée. Maria reçoit une éducation stricte, est ses parents l’incitent à devenir institutrice, l’un des seuls métiers ouverts aux femmes à l’époque.
Mais elle ne l’entend pourtant pas de cette oreille. Dès l’école primaire, elle annonce qu’elle va devenir ingénieur, avec un fort attrait pour les mathématiques. Elle entre donc dans un collège technique pour garçons en 1883, soutenue par sa mère qui défend sa liberté. Mais elle découvrira rapidement que les filles n’y sont pas les bienvenues. La jeune Maria prend conscience de l’immense chemin qu’il reste à parcourir aux femmes pour devenir les égales des hommes. Mais cela ne l’arrête pas, bien au contraire !
L’une des premières femmes médecins d’Europe
Studieuse et très curieuse, Maria Montessori se passionne pour la biologie et souhaite devenir médecin. Elle s’inscrit à la faculté de médecine et de chirurgie de Rome en 1890 et là encore, entame un parcours semé d’embûches. Le monde universitaire, pourtant érudit, ne cautionne pas la présence d’une femme dans un parcours d’études si complexe.
N’ayant pas le droit de suivre les autopsies réalisées par les médecins hommes, elle procède elle-même à ces opérations la nuit, dans les salles de l’université. Elle doit aussi attendre que tous les autres étudiants soient assis dans la salle de classe avant de pouvoir y pénétrer à son tour…
Déterminée, Maria Montessori devient malgré tout officiellement médecin en 1896 ! Elle est l’une des premières femmes médecins d’Italie et même d’Europe. Elle se formera également à la biologie, la philosophie et la psychologie.
Une mère particulière
Maria aura un fils en 1898, avec l’un de ses collègues médecin Mario Montesano. Elle décide cependant de le confier à une nourrice, faisant le choix de laisser sa vie d’épouse et de mère de côté. Dans cette même période, elle connaît une crise personnelle profonde et décide de reprendre des études de philosophie et de théologie.
Elle part se recueillir dans un couvent pendant quelques temps et revient dans la vie active plus déterminée que jamais. Ce n’est qu’en 1913 qu’elle renouera avec son fils « Mario », prénommé comme son papa. Il deviendra alors l’un de ses plus fidèles collaborateurs.
Maria Montessori et les droits des femmes
Maria Montessori est également bien connue pour son militantisme pour les droits des femmes. Alors qu’elle vient juste d’obtenir son doctorat en médecine, Maria intervient lors du Congrès International des Femmes organisé à Berlin. Elle ne supporte ni l’injustice, ni le mépris et souhaite que la place des femmes soit reconsidérée dans les sociétés occidentales. Cet objectif l’amènera à voyager à Londres, en Espagne, aux Pays-Bas puis lorsqu’elle fuira la guerre, en Argentine, en Inde et aux Etats-Unis. Partout où elle se rend, elle s’engage, à la fois pour les femmes, les enfants et les plus faibles.
La méthode Montessori, une Pédagogie Nouvelle
Après l’obtention de son diplôme de médecine, Maria Montessori obtient un poste d’assistante à la clinique psychiatrique de l’Université de Rome. Elle a pour mission, entre autres, de visiter les asiles de la ville et de traiter le « problème » des enfants « déficients ». Elle met en place la première Case de Bambini, la Maison des Enfants, qui remportera un grand succès. Puis elle étend ses nouvelles méthodes pédagogiques au service de tous les enfants. La pédagogie Montessori gagnera alors une reconnaissance internationale.
Les enfants déficients
Maria Montessori travaille en premier lieu dans un service de psychiatrie à Rome. Elle demande que les adultes et les enfants internés soient placés dans des services différents. Elle est alors nommée responsable du secteur pédiatrique, dans lequel elle fait chaque jour des découvertes comportementales et neurologiques importantes. Maria Montessori milite pour le respect de la dignité et le droit à l’éducation de ces enfants avec un accompagnement adéquat.
Elle déclarera en 1989, lors d’un Congrès Médical et Pédagogique à Turin : « Les enfants déficients ne sont pas des hors la loi, ils ont des droits ! Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction. ». Elle s’appuie alors sur les travaux de deux médecins français, Jean Itard et Edouard Seguin, et permet à de nombreux enfants internés dans des asiles, de retrouver une vie normale, dans un institut qu’elle supervise.
Le Case dei Bambini, « La Maison des Enfants »
Sur la demande du Maire de Rome, Maria Montessori ouvre la première « Maison des enfants » (Case dei Bambini) en janvier 1907. Elle y accueille les enfants de 3 à 6 ans du quartier défavorisé de San Lorenzo à Rome.
Elle met à leur disposition un matériel pédagogique qu’elle conçoit elle-même et applique les premiers fondements de ce qui deviendra la pédagogie Montessori. Dans la pédagogie qu’elle met en place, Maria attache une importance toute particulière au respect de l’enfant et du rythme de chacun, au libre choix des activités, à l’autodiscipline, et à l’apprentissage naturel par l’expérience. Le succès est immédiat. Les enfants des bidons villes de Rome, jusqu’alors jugés « inadaptables », se sociabilisent, s’apaisent, et deviennent autonomes et responsables.
Une seconde école ouvre 3 mois plus tard dans un autre quartier pauvre de Rome, puis une troisième à Milan en 1908… Des écoles ouvriront ensuite dans le monde entier, deux à Paris, une à Vienne en 1922 dirigée par Anna Freud, plusieurs en Argentine, Espagne en Australie… La pédagogie de Maria Montessori, appliquée aux enfants déficients puis aux enfants dits « normaux », est connue et reconnue mondialement en une dizaine d’années seulement.
La diffusion de la méthode Montessori
Passionnée par ses travaux et recherches auprès des enfants, Maria Montessori quitte son poste à l’Université et dédie le reste de sa vie à la pédagogie nouvelle qu’elle a inventée. Elle formera plus de 5000 éducateurs Montessori à travers le monde, et publiera de nombreux ouvrages afin de diffuser les résultats de son travail au plus grand nombre (dont La pédagogie scientifique, L’enfant, L’esprit absorbant de l’enfant, L’éducation et la paix, Le manuel pratique de la méthode Montessori, et bien d’autres.
Elle fonde l’Association Montessori Internationale en 1929 avec son fils Mario Montessori. L’association qui siège encore aujourd’hui aux Pays Bas a pour but de fédérer les projets « Montessori » à travers le monde, de préserver et de propager les grands principes issus de la méthode Montessori.
Aujourd’hui, on compte plus de 25 000 écoles Montessori dans le monde, dont environ 280 en France.
Maria Montessori, femme du monde
Tout au long de sa carrière, Maria Montessori rencontrera de nombreuses personnalités politiques ou d’éminents scientifiques, pour les convaincre du bien-fondé de sa méthode et de ses travaux.
Elle échange des courriers avec Sigmund Freud en 1917, avec le Pape Benoit XV en 1918 et prodigue ses conseils pédagogiques à Mussolini en 1922 avant de rompre avec le régime autoritaire mis en place par ce dernier. En 1931, Mahatma Gandhi vient visiter ses écoles à Rome, tandis qu’Adolf Hitler ordonne la fermeture des 34 écoles Montessori de son pays en 1933…
En fuite en Espagne d’abord, puis en Inde où elle poursuit son œuvre. Elle recevra la légion d’honneur de la main du président Léon Blum en 1949.
Sans jamais se désengager, Maria Montessori mourra en 1952, à presque 82 ans, aux Pays-Bas.